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La Broderie d’OR des Tcherkesses


......Réalisation des motifs à partir de fils d'or et d'argent......

L’art de la couture au fil d’or n’est pas apparu instantanément, il s’est formé et transformé petit à petit au cours du temps, par l’habileté mêlée à l’esprit créatif de l’homme.

Beaucoup de travaux de maîtres ont été détruits par les affres du temps. Les seuls échantillons de broderies actuellement conservés ne remontent pas au delà des XIX et XX siècle car ils étaient utilisés dans la vie de tous les jours.

Cet héritage se distingue par la richesse et la liberté de composition des ornements, ainsi que par la diversité et la perfection des techniques d’exécution. Ils sont les exemples d’un art parvenu à maturité, montrant le caractère antique et la popularité de la broderie dans le style de vie Tcherkesse.

La première information écrite sur cet art adyghé remonte à 10 siecles avant J.C. : " ...ils portent les vêtements blancs, ...brocard, pourpre, or brodé et d'autres genres de matériaux en soie " MASSOUDI (voyageur arabe)

L'Histoire avait caché le développement de cet art pendant cinq siècles. c'est seulement au XV siècle que le voyageur italien INTERIANO a mentionné que les femmes nobles circassiennes étaient des brodeuses habiles. Elles ont brodé des vêtements, caisses de flèche, selles, poches de tabac, petits sacs, sacs à main pour la couture et les éventails avec de l'or et de l'argent. Des le XIX siècle elles ont commencé à orner des boîtiers de montre, caisses de lampe et autres élements apparus dans le style de vie citadin.

Les filles des familles nobles devaient être habiles en couture d'or, tissage de galon et en travaux manuels tels que la confection de pompons, de boules, de lacets, de chaînes, de bretelles tressées de fil d'or et d'argent. Ce savoir faire est inculqué dès le plus jeune âge.

La couture d'or a développé un sens esthétique et a permis d'assurer la transmission de la connaissance exacte des coutumes, la modestie, la maitrise de soi, l'obéissance et le respect des aînés et du travail. Un homme créant de belles choses était aussi harmonieux que ses créations. Ce n'est pas par hazard si les chercheurs ont considéré l'art comme un étandar de la culture nationale.

M.Bronevsky a écrit : "les filles des familles nobles sont confiées aux maisons d'autres familles nobles (Uzden) pour l'éducation. Les femmes Uzden forment leurs enfants à l'obéissance stricte et leur enseignent la couture d'or et d'argent et les autres façons de coudre". Depuis leur enfance, les filles avaient préparé des présents pour les parents de leurs futurs maris. Aidant leurs propriétaires nobles les filles de serf ont été également initié à la broderie.

Au Moyen-âge les tcherkesses recevaient le fil d'or et d'argent et les étoffes précieuses de Byzance et des villes italiennes (Venise, Genève), plus tard de Turquie et de Crimée. Plus tôt ces élements ont pu être acheminé aux tchenges concrets du commerce tcherkesse avec les négociants de l'Iran, arrivé à Astrakan et aux autres ports maritimes caspiens.

Les nations du nord-ouest Caucase ont employé quatre manières de coudre l’or : couture « en agraffe », couture « satin - point » , couture « tissage de galon » et «tressage de lacet ».

Il y avait des pochoirs découpés de papier et de carton pour toute sorte de couture. Aussi, il y a longtemps, on utilisait des pochoirs faits de vessie souple d'animaux ou extraits de plats d'argile et brûlés. Les pochoirs ont été faits par les brodeurs eux-mêmes, mais y participaient également des maîtres spécialisés dans le découpage d’ornement. Généralement c’étaient des femmes. Et le Modèle en lui-même etait gardé tel un secret de famille et était transmit de génération en génération.

Dans la couture « en agraffe » ou la confection (« diché idag » c.à.d. la broderie à l’or), le pochoir était utilisé pour délimité le contour du motif ainsi une utilisation fréquente de celui-ci était possible. Le pochoir était gardé sous la coutur quand ils brodaient avec la technique « satin » ou « point ».

La plus ancienne mais aussi la plus efficace façon de coudre « en agraffe » était le « diché idag ». Le tissu blanc habituel était étiré sur le tambour et le motif était mis en relief à l’aide du pochoir. Le motif était tracé à l’aide d’un fil, un morceau de savon ou un crayon. Les dessins étaient le plus souvent des formes géométriques. Aux extrémités du modèle dessiné sur un vêtement blanc, on appliquait des fils de soie parallèlement au motif, en suivant les points un à un, de manière à ne pas faire d’erreur dans le calcul des points. Sur la broderie, des fils d’or et d’argent étaient apposés et ainsi reliés au contour de l’ornement du dessous par des points. Les points étaient faits de la soie la plus fine : de soie orange pour la couture à l’or et blanche pour la couture à l’argent. Ce qui signifie qu’une broderie terminée avait en son sein un petit motif à forme géométrique.

La couture « en agraffe » demandait beaucoup de temps et de précision, de dexterité. Cela prenait 1 mois au brodeur pour réaliser un cercle de 5 ou 6 centimètres de diamètre. Aussitôt que la broderie était prête, ils commençaient à la travailler : la première face était polie grâce au croc ou à l’os d’un sanglier sauvage et on répandait de la colle sur l’autre face pour qu’elle se raffermisse. Ensuite seulement, le motif de broderie était soigneusement découpé du vêtement blanc ; puis il était mis de côté pour plusieurs années (comme pièce de réserve). Toutes les parties achevées de la broderie étaient apposées sur le vêtement comme ornement. Les parties de broderie initialement séparées étaient reliées par un gallon ou un lacet. Ils couvraient, enfin, les points sur les morceaux de broderie restants.

Après avoir été polie et couvert de colle, la broderie avait de la résistance et de l’éclat comme une plaque métallique. La tradition d’ornement de vêtement avec des plats métalliques est connue depuis lantiquité dans le nord-ouest Caucase. De tels œuvres (plats) ont été découverts pour la 1ère fois dans un kourgane (tumulus) de Maïkop en 1897 par N.I. Vessielovsky.

Au moyen-âge, l’application faite de cuir doré s’est répendue (des lambeaux de vêtements ont été découverts dans un kourgane de Zmieysky). On comprend donc que la couture « en agraffe » a eu des traditions anciennes d’ornement d’habits.

L’autre façon de coudre, « satin-point » était considérée plus commune et moins chère que les autres. C’est ce à quoi font référence les autres noms de ce procédé : « broderie du marché », « broderie de la ville ». Ce terme montre que ce type de broderie à été emprunté à d’autres milieux ethniques que les tcherkesses. Bien que la technique « satin-point » a été trouvé plus tôt, il s’avère que son expansion s’est faite au cours des XIX et XX siècles. Le motif était brodé directement sur l’habit à décorer. Le pochoir avait été préalablement découpé dans du papier ou du carton, puis cousu sur l’habit et ensuite couvert de fil d’or et d’argent, reliant les contours du motif avec de la soie. Quelquefois, les contours étaient recouverts d’un fin ruban. La couture « satin-point » n’était pas polie (contrairement à la précédente) donc elle était plus saillante, au détriment du pochoir en carton lui-même ou d’une application additionnelle (d’un autre motif, par exemple). Ce type de couture était plus souvent appliqué sur des petits objets, quant aux vêtements : sur les couvre-chefs et les bavoirs des femmes. Aux XIXème et XXème siècle, on pouvait tomber sur la combinaison des deux modes de couture précédents.

La troisième sorte de broderie consiste en un tissage de galons (« chague ») sur de petites planches. Cette méthode de tissage, très répandue dans le Caucase, était la plus ancienne en Europe. Le métier à tisser pouvait contenir de fines planches de bois rectangulaires (« pkhembgoujie ») d’environ 6 à 8 cm ; et chaque planche avait de 4 à 6 trous.

Les femmes faisaient preuve d’habilité pour enfiler les fils de deux couleurs differentes dans les trous et obtenir le motif voulu. La beauté de ces modèles dépend de la structure plus ou moins complexe du tressage. La quantité de planches dépend de la quantité de tablettes (strates) et de la largeur du modèle de tressage (galon). Habituellement, il y a 15, 75, 85 ou 95 tablettes (strates). La partie de la tresse prête à l’utilisation est déroulé depuis un crochet métallique (« chaguécharidz ») attaché à la ceinture de la brodeuse.

Vlad.&.Max.since.18.07.2004


(source bibliographique sur http://www.arigi.ru)